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Comment gérer la radioactivité des déchets ?

Les craintes légitimes engendrées par les déchets radioactifs ne signifient pas que les moyens manquent pour s’en protéger. Ces craintes sont amplifiées par le fait que le danger est difficile à appréhender : les conséquences d’une exposition au niveau individuel relèvent du hasard, hormis le cas d’une très forte irradiation. Elles sont difficiles à prouver et mettent des années à se manifester. Le côté insidieux des radiations, la part de hasard, la longue durée de vie de certains radioéléments contribuent à conférer aux déchets radioactifs un caractère plus inquiétant que de raison. C’est oublier que  monde vivant est confronté depuis toujours et a survécu à la présence de nombreux poisons naturels.

Piéger la radioactivité et attendre
Comment confiner assez longtemps la radioactivité pour qu’elle n’entre pas en contact avec l’environnement ? La question se pose pour les déchets les plus radioactifs. Une solution est de les incorporer au sein d’une matière vitreuse très résistante aux radiations et aux agressions de l’eau. Un bloc de verre comme celui de la photographie pourrait piéger les atomes radioactifs des milliers d’années, laps de temps au terme duquel la radioactivité initiale aura presque complètement disparu du fait de sa décroissance naturelle. Ensuite, c’est la roche hôte qui assure le confinement de la radioactivité restante.
© CEA

Ces craintes font parfois oublier que la panoplie des moyens disponibles pour se protéger s’est enrichie. La gestion des déchets radioactifs est difficile, en raison de la longue durée de vie de certains éléments, mais elle ne s’avère pas fondamentalement différente de la gestion d’autres déchets industriels et elle est probablement plus avancée. Les ingénieurs disposent de nombreuses cordes à leurs arcs ! Il existe des techniques efficaces pour nous protéger des radioéléments. Les principes en sont simples : laisser faire le temps, confiner la radioactivité, la mettre hors d’atteinte ou quand c’est possible la réduire !

La grande loi de la radioactivité est qu’elle diminue naturellement. Laisser faire le temps convient bien quand cette décroissance est rapide. Au bout d’une dizaine de périodes, l’activité d’un élément radioactif est divisée par 1000. Il a pratiquement disparu.

Mais attendre ne suffit plus quand la décroissance est lente et l’activité trop forte. Les maîtres mots deviennent alors confinement, entreposage, stockage. Pour éviter la dispersion, on multiplie les barrières vers l’environnement. On immobilise les matières les plus radioactives en les confinant au sein de matériaux comme des verres ou des céramiques conçus pour résister des milliers d’années aux radiations.

Quelques mètres d’eau ou de terre suffisent à arrêter les rayonnements les plus pénétrants. Mais les désintégrations dégagent une chaleur qui peut être importante au départ. On entrepose alors les colis pour les laisser refroidir. Cet entreposage est réversible car il offre la possibilité de les récupérer pour profiter du progrès des techniques.

Une fois refroidis, la destination ultime des colis pourrait être un stockage à grande profondeur au sein d’une roche hôte choisie à l’abri de l’eau : des centaines de mètres voire des kilomètres comme dans une récente proposition américaine. Dans tous les cas, l’environnement de la roche hôte prévaut. En raison de ces barrières, la « malchance » qu’un atome radioactif captif remonte des profondeurs est extrêmement faible.

Enfin si certains noyaux rétifs tardent à disparaître, il reste la solution de les transformer en noyaux stables ou à courte vie en donnant un coup de pouce à la nature. C’est la voie de la transmutation, une voie au rendement faible et difficile. Elle demande un retour en réacteur. Il faut au préalable séparer les éléments radioactifs. Cette séparation est aussi utile pour adapter le conditionnement des déchets à la nature des éléments qu’ils contiennent.